Dans son premier long métrage Else, le cinéaste français Thibault Emin centre son récit sur la relation entre Anx, un jeune homme plutôt anxieux et réservé et Cass, une jeune femme volubile et excentrique dans un contexte pandémique, voire apocalyptique où un virus pousse les individus à fusionner avec leur environnement.
Après avoir étudié la philosophie, Thibault Emin s’intéresse au cinéma et étudie à la Fémis (Paris). Abstrait et très philosophique, le cinéaste mêle avec audace, horreur corporelle et réflexion philosophique, plongeant le spectateur dans une expérience visuelle et sensorielle délirante et viscérale.
L’appartement d’Anx, véritable huis clos claustrophobique, devient le théâtre d’une transformation à la fois terrifiante et poétique, où les corps se fondent littéralement dans les murs, les meubles et les autres objets qui entourent la personne.
Avec ce film, adapté de l’un de ses courts métrages, Thibault Emin a enfin eu les moyens financiers de réaliser ce qu’il voulait visuellement et c’est beau à voir. La mise en scène, riche en texture et en détails visuels est soutenue par une bande sonore oppressante qui nous plonge dans un univers cauchemardesque prenant et fascinant.
Le film est visuellement impressionnant notamment à cause de sa palette de couleurs qui passe du très vif au début du film à des teintes monochromatiques exprimant l’ambiance changeante de ce monde frappé par un virus qui transforme tout sur son passage.
Mais ce qui fait surtout la force de Else, c‘est la relation complexe et nuancée entre Anx (Matthieu Sampeur) et Cass (Édith Proust).
La performance des deux comédiens capture la fragilité et la profondeur des relations humaines. À travers ce duo, le film recentre son propos sur l’essentiel : les liens vulnérables qui nous unissent, même au cœur du chaos.
Dans son film Else, Thibault Emin a créé un univers fantasmatique qu’on n’est pas près d’oublier.
Article et Interview :Â Quitterie Hervouet
Crédits Photos : TIFF