Julien Gérémie: l’intégration est un processus continu

Dans le cadre de notre projet, Carrefour Choq, nous sommes allés à la rencontre de plusieurs personnes, francophones,  venues immigrer au Canada. Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés au profil de Julien Gérémie, venu s’installer  à Ottawa avant  s’installer ici à Toronto.

Aminata Yade

Julien Gérémie, c’est un peu l’homme qui aime tout découvrir. Le Canada, il y est arrivé un peu par hasard.”L’envie de nouveauté, de changement”, l’a amené à faire une grande partie de ses études à Montréal au Québec. A la suite de cela, il décide de s’installer à Ottawa et très vite, il crée sa nouvelle vie : il prend ses repères, se fait un groupe d’ami et trouve un travail qui lui plaît dans le secteur des entreprises sociales et coopératives. Au bout de quatre ou cinq ans,  une nouvelle opportunité lui tend les bras. Ouvrir un bureau dans la région de Toronto, pour cet amoureux des voyages, c’est une offre à ne pas manquer.

De nouveaux enjeux l’attendent 

Il plie bagages et arrive en mars 2015, dans une ville qui lui semble immense mais surtout infinie. Une nouvelle aventure commence. Sa première préoccupation, n’est pas de trouver un appartement dans cette ville où les prix sont excessivement élevés, ni de savoir comment se rendre à son nouvel emploi. Julien Gérémie a ce goût indéniable pour la découverte, mais la solitude lui fait peur. Il passe par des moments de nostalgie, surtout quand il réalise qu’il doit tout reconstruire : un cercle social, des amis comme ceux qu’il a quittés à Ottawa.

C’est alors il décide se tourner vers la communauté francophone, minoritaire à Toronto mais bel et bien présente. Très actif au niveau du développement communautaire, il s’engage dans plusieurs activités et défend l’intérêt personnel qu’il a pour certaines causes. Il décide de rejoindre des organismes de choix tels que la Coopérative radiophonique de Toronto (qui opérationnalise CHOQ FM 105.1) ou la Coopérative de l’entrepreneuriat social.

Intégrer cette communauté francophone, lui a permis d’être à l’aise avec son nouvel environnement et d’y trouver des repères.

D’ailleurs, lorsqu’on lui demande s’il serait capable de refaire ce circuit d’installation, c’est avec le sourire dans la voix et beaucoup d’émotion, qu’il se rappelle ce chemin si difficilement parcouru. Alors pour lui,  le doute n’est pas permis, “il sait qu’il ne s’en sentirait pas capable”.

La France ne sera jamais très loin

La France, qu’il a quitté depuis longtemps maintenant, reste un souvenir qu’il se refuse d’oublier. Son pays d’origine, c’est son identité, sa  résistance et la plus “belle chose” qu’il a emmené avec lui, c’est sa langue, le français. Cet héritage culturel,  il en est fier car ici, le taux de francophones dans la région du Grand Toronto, ne représente même pas 2%. En 2016, une étude publique de Statistique Canada révélait la faible représentation de cette communauté : 1.7%. Comme le dit si bien le dicton :” ce qui est rare, est précieux” et cela, Julien Gérémie l’a compris à 100%. Contribuer à la francophonie, lui permet surtout d’entretenir son histoire, dans cette région où l’anglais est la langue officielle.

Très vite, il s’habitue aux codes de cette société qui lui était pourtant encore étrangère, il y a quelques temps.  Aujourd’hui, il s’est fait un carnet d’adresse, mais surtout une “nouvelle famille”, comme il l’appelle. Aujourd’hui, quand il regarde derrière lui, il se rend compte que le Canada n’est plus une destination de passage mais sa “nouvelle maison”, son nouveau “chez lui”. Il aime cette vie : celle où la diversité est mise à l’honneur, là où la différence culturelle est avant tout une force.

Qui aurait cru que  le destin l’amènerait ici, à Toronto ?

Julien Gérémie vit une nouvelle histoire d’amour, celle qu’il entretient avec Toronto depuis plus de trois ans, maintenant.

Ce qu’il retient, c’est qu’il lui aura fallu “au moins deux ans” pour s’intégrer “presque complètement” car Julien Gérémie, le dit lui même :  “l’intégration reste continue”. Et c’est son humilité, cette forme de clairvoyance, qui lui a permis de se construire un quotidien sur une route gravée de ses initiales.

Grâce à son rôle dans la francophonie, Julien Gérémie a crée son “moi adulte”, sa nouvelle identité. Il est devenu Torontois à part entière et Canadien de cœur grâce à l’ouverture d’esprit qui habite Toronto qu’il reconnait comme sa nouvelle culture, dont il apprécie chaque parcelle.